honneur


Français

Étymologie

Du latin honor (même sens). En ancien français onor, enor, eneur, refaits en honneur d’après le latin. Le double n vient d’une prononciation du moyen français (le premier n servant à noter la nasalisation du \o\ en \õ\, et le deuxième servant à noter le \n\). Les mots savants tels que honorer, honorable, honorifique, etc. ont été directement empruntés au latin, ce qui explique qu’ils n’aient qu’un seul n.
En latin, honor avait aussi bien la signification de « sentiment concernant la morale de quelqu’un ou d’un groupe » que de « charges administratives » ; de ce dernier sens, aujourd’hui presque disparu (briguer les honneurs), viennent un grand nombre d’expressions contenant un mot dérivé d’honneur, et se rapportant aux charges et aux titres des magistrats ou du personnel administratif (titre honorifique, la dame d’honneur, etc.), ou à la reconnaissance des qualités professionnelles de quelqu’un (les honneurs militaires, en l’honneur de quelqu’un, etc.). Les deux sens ont toujours été très liés et se sont influencés dès le latin.

Nom commun

honneur \ɔ.nœʁ\ masculin

  1. Sentiment d’une dignité morale, estimée plus haut que tous les biens, et qui porte certaines personnes à des actions loyales, nobles et courageuses.
    • […] je suis d’une vieille race chrétienne dont les ancêtres n’ont jamais failli ; l’honneur a toujours dans ma maison été considéré comme le premier bien, cet honneur que mes aïeux m’ont transmis intact et que je me suis efforcé de conserver pur, mon fils premier-né, l’héritier de mon nom, vient de le souiller d’une tache indélébile. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Don Alonse -- Comme l’honneur est infiniment plus précieux que la vie, c’est ne devoir rien proprement, que d’être redevable de la vie à qui nous a ôté l’honneur — (Molière, Don Juan, acte III scène IV)
    • L’honneur voulait qu’on résistât jusqu’à la dernière extrémité. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • J’avais dénoué cent fois ce sophisme, en montrant que le ressort des guerres n’était pas tant l’intérêt que l’honneur ; chose bien aisée à comprendre pour des hommes qui présen­tement risquaient tout, avec une faible chance de gagner, et de gagner fort peu. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 215)
    • M. Fabre représentait l’Honneur, la Loyauté, la Probité, la vie régulière et laborieuse, le livret de Caisse d’Épargne, le pain gagné à la sueur d’un front d’exploité, — bref tout ce que les bourgeois proclament des lèvres comme des vertus civiques. — (Émile Armand, La revanche des « bandits tragiques », dans Les réfractaires, nº 2, février-mars 1914)
    1. Par manière de serment,
      • Sur l’honneur, sur mon honneur.
      • Je l’atteste sur l’honneur.
      • Je vous en réponds sur mon honneur.
      • Foi d’homme d’honneur, je le ferai.
      • (Familier) D’honneur, je le ferai.
      • En honneur, je ne le puis.
    • Un des mots les plus stupides, les plus vides de sens. Un de ceux au nom de qui on accomplit un nombre incommensurable de crimes...Honneur, source de haine, de meurtre et de méchanceté ; vocable qui ne peut avoir place que dans la bouche d'un fou ou d’un criminel. — (Louis Loréal, article « Honneur » in L’Encyclopédie Anarchiste, de Sébastien Faure - 1935)
  2. (Spécialement) (Vieilli) Pudicité, chasteté, souci de se respecter soi-même, en parlant des femmes ou des filles.
    • C’est une femme d’honneur, sans honneur.
    • Elle tient à son honneur.
    • Elle a forfait à son honneur.
    • C’est une femme qui a perdu son honneur.
    • Ravir l’honneur à une femme, La violer.
  3. Estime, considération, renom ou éclat qui suivent les talents ou les vertus.
    • Par sa floribondité, l’éclat de ses fleurs et sa légèreté, cette plante est très en honneur dans les jardins […]. — (B. Vercier, La Culture des Fleurs, Hachette, 1932, éd. 1967, p. 128)
    • Je grelotte de trouille à cette pensée. Le chemin de la gloire et de l’honneur est celui que j'ai toujours adopté. Ça m'a valu du reste bien des emmouscaillements ! — (Frédéric Dard, San Antonio : Tout le plaisir est pour moi, Fleuve Noir, 1959)
    • Il publia, en 1706, un recueil, Cent Vues de Venise, aux planches incisées avec une maestria qui lui fait le plus grand honneur et lui assure, aujourd'hui encore, l'admiration des iconophiles collectionneurs. — (Octave Uzanne, Canaletto, Parkstone International, 2015)
    • Il s’en est tiré avec honneur.
    • On doit dire à l’honneur de ce prince, que…
    • Il eut tout l’honneur de la victoire.
    • C’est à lui que tout l’honneur doit en revenir.
    • L’honneur d’achever cette entreprise vous était réservé.
  4. Estime qu’on obtient non seulement des autres, mais qu’on peut avoir de soi-même.
    • Des imbéciles qui se retrouvaient en tôle[sic] parce qu'il fallait faire sa fête à la fauteuse et trucider le séducteur. Pour l’honneur ! Mon œil pensait Lekbir. — (Ahmed Tazi, Le jardin andalou, Paris : Éditions EDDIF & Association Non Lieu, 2006, page 85)
    • Attaquer, blesser, flétrir, déchirer l’honneur de quelqu’un.
    • Défendre, venger son honneur.
    • Ménager l’honneur, sauver l’honneur de quelqu’un.
    • Soutenir l’honneur de sa famille.
    • Donner, porter atteinte à l’honneur de quelqu’un.
    • Engager, hasarder son honneur.
    • Son honneur y est intéressé, y est engagé.
    • Être jaloux de son honneur.
    • Réparer l’honneur de quelqu’un.
    • Compromettre son honneur.
    • Perdre l’honneur.
    • Cette action le perdit d’honneur.
    • C’est un homme perdu d’honneur.
    • Faire réparation d’honneur.
    • C’est le toucher en son honneur.
    • Il est délicat sur ce qui regarde l’honneur.
    • Il met son honneur à ne point céder.
    • C’est une tache à son honneur.
    • Il y va de son honneur.
    • L’honneur est sauf.
    • Tout est perdu, fors l’honneur. : Attribué au roi François Ier, prisonnier des Espagnols, dans une lettre à la reine, après avoir perdu, en 1525, la bataille de Pavie, ses plus grands soldats dont La Palice et le duché du Milanais.
    • — Monsieur, vous êtes un contre dix, l’honneur est sauf et vous pouvez vous rendre sans honte. — (Léon Bloy, Le grand Polaque, dans Sueur de sang, 1893)
  5. (Familier) (Par plaisanterie) En plaisantant.
    • Ne jouer que pour l’honneur, ne jouer que l’honneur : jouer sans engager d’argent et seulement pour passer le temps.
  6. Fierté.
    • Mon département a eu l’honneur de donner naissance au père de l’Entomologie; l’illustre Latreille. — (Edmond Perrier, préface à Le Faune de France - Coléoptères de Alexandre Acloque, Baillière, 1896)
    • N'oubliez pas la brillante auricule ;
      Soignez aussi la riche renoncule,
      Et la tulipe, honneur de nos jardins :[…].
      — (Évariste de Parny, « Les Fleurs », dans le recueil Œuvres d'Évariste Parny, tome 1, Paris : chez Debray, impr. Didot l'aîné, 1808, page 178)
  7. Action, démonstration extérieure, égards par lesquels on fait connaître la vénération, le respect, l’estime qu’on a pour la dignité ou pour le mérite de quelqu’un. Dans ce sens, on l’emploie souvent au pluriel.
    • […], la tante alla prendre Gaspard dans son berceau pour le faire participer au toast que l’on portait en son honneur. — (André Dhôtel, Le Pays où l’on n’arrive jamais, 1955)
    • En ouvrant la séance, M. Hibon, président sortant, adresse ses remerciements pour le grand honneur, qui, dit-il, fut fait à un amateur de présider les travaux de la Société en 1936, puis il prie M. Allorge de lui succéder au fauteuil présidentiel. — (Bulletin de la Société botanique de France, tome 84, page 1, séance du 8 janvier 1937)
    • Il faut rendre honneur à qui il appartient, à qui il est dû.
    • On lui a fait des honneurs extraordinaires, de grands honneurs.
    • Il fut reçu avec tous les honneurs dus à son rang.
    • Les honneurs militaires.
    • Accompagner quelqu’un par honneur.
    • Porter honneur et respect.
    • Auguste souffrit qu’on lui rendît les honneurs divins.
    • Rendre de grands honneurs à la mémoire de quelqu’un.
    • Décerner les honneurs du triomphe.
    • Faire quelque chose en l’honneur de quelqu’un, en l’honneur de Dieu.
    • Les fêtes célébrées en son honneur.
    • (Ironique) Vous me croyez capable d’une telle action, vous me faites bien de l’honneur, vous me faites là un bel honneur, c’est beaucoup d’honneur, c’est trop d’honneur que vous me faites, etc.
  8. Grâce, faveur ou distinction. — Note : Il se joint alors à un infinitif et quelquefois à un nom par la préposition de
    • Le roi lui a fait l’honneur de la choisir pour…
    • Il mérita l’honneur d’être appelé le père de la patrie.
    • Il a l’honneur d’être admis souvent à la table du ministre.
    • L’honneur de siéger dans cette assemblée.
    • Il ne m’a pas seulement fait l’honneur de me regarder.
    • Réclamer l’honneur du pas, c’est-à-dire la préséance.
    1. Il se dit très souvent sous cette forme simplement par civilité, par compliment et comme formule de style épistolaire.
      • Lorsque j’aurai l’honneur de vous voir.
      • Le lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire.
      • Faites-moi l’honneur de me dire…
      • J’ai l’honneur d’être…
  9. (Au pluriel) Dignité ; charge.
    • Si vous aimez le danger, la lutte au bout de laquelle se trouve l’honneur et les honneurs, suivez-moi, entrez avec moi dans ce logis, où affluent princes, diplomates, cardinaux, où vous allez coudoyer tout ce qu’il y a d’illustre au monde. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Aspirer aux honneurs.
    • Briguer les honneurs.
    • Parvenir au comble des honneurs.
  10. (Absolument) (Au pluriel) Pièces principales, comme le sceptre, la couronne, etc., qui servaient à certaines grandes cérémonies, telles que le sacre des rois, leur baptême, leurs funérailles, etc.
    • Les honneurs étaient portés par…
  11. (Cartes à jouer) (Souvent au pluriel) Figure d’atout, de certains jeux de cartes.
    • Le camp qui réussi treize levées marque, en plus des tricks que lui valent ces levées, 40 points pour ce grand chelem dans la colonne des honneurs. — (Frans Gerver, Le guide Marabout de Tous les Jeux de Cartes, Verviers : Gérard & C°, 1966, page 101)

Dérivés

Apparentés étymologiques

Proverbes et phrases toutes faites

Synonymes

Traductions

Interjection

honneur \ɔ.nœʁ\

  1. (Informel) (Familier) Au revoir.
    • « Savez-vous ce qu’ils diront ? Ils vous appelleront républicain ; c’est par là que le bât nous blesse, ajouta-t-il finement, et savez-vous la réponse ? Un beau portrait de Louis-Philippe à cheval, dans un riche cadre d’or, que vous placerez là, au-dessus de la commode, à la place d’honneur ; sur quoi, bien du plaisir, honneur ! » Et il se leva avec peine du canapé. — À bon entendeur un mot suffit, et vous ne m’avez pas l’air si gauche ; honneur ! » C’était la façon de saluer du colonel. — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)
    • Et le maréchal le congédia de la main, en disant :
      Honneur !
      — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)

Prononciation

Anagrammes

→ Modifier la liste d’anagrammes

Voir aussi

Références





© 2024 Verifier-mots.fr . La bonne orthographe. Les anagrammes .
393672 Mots dans le dictionnaire
Eric LEFEBURE. 
La vie à Mulhouse - Mulhouse 68100
Dictionnaire : Wiktionnaire
Merci à Saian pour son aide (un as de la programmation) du Forum phpfrance